Recenser des expériences où il s'agit de donner à des enfants l'envie et l'occasion d'écouter et de dire des contes.
Rassembler des outils de réflexion pour les conteurs et les enseignants.

"Enfants conteurs" ne veut pas dire pour moi "fabrication d'une élite" mais "développement de cette compétence chez chaque enfant"

L'existence de ce blog est une tentative pour mettre en avant le travail, à mon avis primordial, de conteurs, notamment Fiona MacLeod, d'enseignants, et de chercheurs, notamment Suzy Platiel. Il s'agira donc plus de rassembler des liens, de donner des pistes sur ce qui est souvent écrit beaucoup mieux ailleurs...
Collaborations et contributions seront les bienvenues.

mardi 16 novembre 2021

De 1900 à 1908, 51 élèves collectent le patrimoine oral avec Antonin Perbosc près de Montauban

 Antonin Perbosc (1861-1944) est durant quinze ans instituteur à Comberouger un petit village à 30 km de  Montauban (82) où il mène avec ses élèves une enquête folklorique très remarquée pour sa méthode et ses abondants résultats. Militant acharné de l'éducation populaire, il inculque à ses élèves l'intérêt pour les traditions et le patrimoine de leur région, en particulier la langue qu'il fait entrer dans l'école malgré les directives ministérielles qui l'interdisent, comme toutes les langues non françaises de l'hexagone. Il leur fait accomplir un très important travail de collecte en les regroupant sous forme associative en une « société traditionniste » (51 élèves, filles et garçons, de 1900 à 1908)

Ces élèves recueillent dans leur entourage le patrimoine oral : chansons, dictons et proverbes, légendes, contes... Ils notent fidèlement, sans rien y changer, les récits en dialecte local. Les plus jeunes élèves, qui ne savent pas encore écrire, content à leurs camarades plus âgés, qui écrivent sous leur dictée (méthode très innovante). Le travail réalisé par Perbosc et ses écoliers suscite l'attention des savants folkloristes au Congrès des Traditions Populaires de Paris en 1908...

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Un article a paru dans la Grande Oreille sur ce sujet : je ne sais plus dans quel numéro.

Manifeste de l’APACC « le conte outil d’éducation », 2021

Il a semblé aux conteurs et conteuses professionnels de l'APACC que pour que les enfants découvrent et pratiquent le conte, la présence d'artistes dans les écoles puisse être d'une grande aide.

L'APACC a donc rédigé un manifeste que vous trouverez en ligne également ici

« Nous, conteuses et conteurs professionnel·les de l’APACC, nous réjouissons de la parution du guide « Seeds of tellers » destiné aux équipes enseignantes, livret que vous pourrez  trouver en ligne sur le site : https://seedsoftellers.eu/fr/
Ce guide nous permettra d’avoir une bonne base de discussion dans les établissements scolaires où nous intervenons.
En effet, nous expérimentons dans les établissements scolaires et ailleurs, pour certain·es d’entre nous depuis plus de 40 ans,  la plupart des procédés décrits dans ce livret,  connaissant le remarquable travail de Suzy Platiel ou pas, mais aussi  inspiré·es par nos expériences de pédagogues, de formateurs·trices,  d’artistes professionnel·les, de militant·es de l’éducation populaire, encouragé·es en cela par de nombreux·ses enseignant·es.
Dans un esprit de partage et de transmission, nous aimerions souligner ce que nous pouvons apporter, en souhaitant que ces points puissent profiter à toustes.
Nous avons acquis par notre métier :
– Une qualité et une curiosité d’écoute qui nous font détecter et apprécier toutes les paroles qui viennent du cœur, et qui nous permettent de les encourager d’une façon fine.
– L’humilité face à l’océan des récits populaires du monde entier. Pour la plupart d’entre nous s’y rajoute la connaissance approfondie de répertoires spécifiques, thématiques, géographiques… notamment les contes de randonnée et les contes merveilleux. Cette  matière fabuleuse est, hélas, souvent réduite dans l’esprit du grand public à quelques contes de Grimm, aux contes de Perrault, voire aux adaptations de Walt Disney…
– Une connaissance et une pratique quotidienne du langage oral et de ses spécificités (répétitions, structures, linéarité, présence physique et émotionnelle…) qui le rendent bien différent du langage écrit.
– L’expérience joyeuse et réelle de la transmission orale qui demande engagement et passion, que ce soit comme conteur·se ou auditeur·rice.
– L’expérience et le travail d’un imaginaire et d’une mémoire transmis sans support matériel (texte, image) qui permettent aux conteureuses et à leurs publics de faire « groupe », de vivre des expériences communes fortes, de transmettre à leur tour grâce à l’élan que donne le plaisir partagé.
Nous considérons donc que les conteurs et conteuses ainsi que les structures ressources professionnelles ont leur place dans les établissements scolaires, tant sur le plan artistique que pédagogique.
Nous sommes là pour,
– Donner le goût
– Partager nos outils par imprégnation, imitation, encouragement
– Ecouter, accompagner
– Transmettre nos répertoires, donner des pistes…
– Et nous en aller sur la pointe des pieds pour laisser la place aux nouveaux conteurs et conteuses, qu’elles soient élèves ou enseignant·es. »

 

Le conte comme outil de médiation en situation interculturelle par Nadine Decourt

Un article de 1991 sur Persée qui ne parle peut-être pas d'enfants conteurs, mais qui parle à coup sûr d'enfants devenus experts en littérature comparée, grâce au conte.

Résumé :  En situation interculturelle, le conte pourrait bien constituer un outil privilégié de médiation entre la culture de l'école (fortement marquée par l'écrit) et des pratiques familiales encore sous l'influence de la tradition orale. Modèle d'intégration et d'ouverture culturelle, le conte, conçu comme système de transformation, offre en tout cas toutes les ressources de la variation pour définir autrement les relations entre oral et écrit, pour amener des élèves de classes élémentaires à construire des savoirs dans le champ de l'intertextualité. Dans l'état actuel de la recherche entreprise, étant donné son ancrage dans le domaine de la littérature comparée, il s'agit essentiellement ici d'ouvrir des pistes autour de l'idée de corpus et des usages de comparatisme en didactique de la communication orale et écrite.